JOURNAL MAI 2018

Numéro 13  –  Mai 2018


AGENDA:

Samedi 26 mai: Festi Baleti à partir de 18h sous le préau de l’école E. Félix de St Vallier. 

Jeudi 7 juin: réunion mensuelle au club house du tennis de St Vallier

Début octobre: Gratiféria à St Vallier de Thiey

SOMMAIRE  n°13 – Mai 2018

p.2: Une rencontre Nippone par P. Derckel——-

p.3: Des portes à ouvrir par P. Derckel— Cinquante ans déjà! Par J. Paris———————

p.4 et 5: GIEC: peut-on lui faire confiance par P.Marques —- Son univers par F. Tabourel

6 et 7: Travailler c’est trop dur…pour la planète par F. Tabourel—— Dans la forêt par V. Le Yhuélic———

p.8: On se détend : Mots croisés ——

Voir page 1 du journal Mai 2018

EDITO


Comme beaucoup , j’adore les anniversaires, du moment qu’il ne s’agit pas du mien! C’est l’occasion de faire la fête ou… de déprimer. Prenons 2018; on pense évidemment au centenaire de la fin de la «grande guerre», de la grande boucherie devrait-on dire. Moment de joie bien sûr, mais aussi, vu de 2018, de déprime quand on observe l’état du monde: montée des nationalismes et rejet des migrants quels qu’ils soient un peu partout sur la planète, et singulièrement en Europe, grande boucherie en Syrie et au Yémen et au Soudan et….. Nous n’apprenons décidemment jamais rien de l’histoire!? Autre anniversaire, le cinquantenaire de mai 68. Coïncidence, les différentes réformes menées tambour battant par le gouvernement exaspèrent un grand nombre de français et les conduisent, qui dans la rue, qui à la grève ou au blocage d’universités. Certains espèrent, comme en 68 une convergence des luttes, d’autres la réfutent et font tout pour que cela n’arrive pas. Les commémorations de mai 68 que notre jupitérien Président souhaitait un temps organiser seront-elles simplement l’occasion, lors de bals musette, de se remémorer un accès de fièvre comme la société française en a connu auparavant ou le déclencheur d’une opposition plus franche au projet de société que nous propose E. Macron . Jocelyn nous fait part de ses réflexions sur ce joli mois de mai et nous interroge sur notre capacité à en tirer les leçons pour proposer une autre société  moins inégalitaire et plus respectueuse de la nature et des femmes et des hommes qui y vivent.

Virginie vous invite à la lecture d’un ouvrage de Jean Hegland tandis que Franck nous interroge avec justesse sur notre mode de vie et ses conséquences… mais pas seulement! A lire page 2. Philippe Derckel nous propose une rencontre nippone et, tout en poésie page 7, à ouvrir notre porte à l’autre. En ces périodes où elles sont souvent fermées à double tour, prêtons l’oreille aux gens qui frappent à notre porte. Enfin, on s’interroge pour savoir si l’on peut faire confiance aux conclusions alarmistes du GIEC page 4 et 5.

Bonne lecture à tous

voir page 2 et 3 Mai 2018


« Dans la forêt » par Virginie LE YHUELIC


Voici un ouvrage qui ne vous laissera pas indifférent ! Paru en 1996 aux Etats-Unis, ce livre vient élargir la liste des romans d’anticipation tels que 1984 ou Fareinheit 451. Imaginez qu’un jour vous rentriez chez vous et appuyiez sur l’interrupteur mais que rien ne se passe…  Plus de lumière, plus de musique, plus d’information, plus d’essence, plus de téléphone,… cela vous donne quelques sueurs froides non ?

Hé bien, Dans la forêt nous raconte l’isolement vécu par une famille, et en particulier deux sœurs, vivant dans une maison au milieu de la forêt et qui vont devoir apprendre à vivre autrement… Dans ce roman la nature reprend sa place, l’Homme redevient le chasseur cueilleur d’autrefois, respectueux de son environnement car il est conscient que sa survie en dépend; que lui, l’Homme, n’a pas plus de droit que ce vieil arbre qui l’a accueilli et lui a offert sa protection, que la vie animale est aussi importante que la sienne, que l’Homme fait partie d’un tout mais qu’il n’est pas tout ! Mais peut-on encore être heureux, donner du sens à sa vie dans de telles conditions matérielles ?

Ce livre changera peut-être votre idée sur la question !

Dans la forêt, de Jean Hegland, éd. Gallmeister.     Disponible à la médiathèque de Saint-Vallier de Thiey.


« Une rencontre nippone » par Philippe DERCKEL


Le Japon, c’est loin ! Sa visite ne m’ayant pas été donnée, le Japon est venu à ma rencontre, fortuitement, on appelle cela le hasard… quoique…

Alors que l’Italie partageait encore ses lires, le travail m’avait amené non loin de Parme où “elle“ enseignait la Cérémonie du thé ainsi que le lavis japonais appelé également sumi-e ce qui signifie peinture à l’encre.

Elle se nommait HAJIMÉ, vivait à Paris et bien que très  âgée, aimait transmettre à l’Occident quelques  fragments des richesses de sa terre natale dont la culture raffinée offrait – entre autre – le théâtre nô, l’ikebana etc…

Tel un coup de vent  balayant les poussières, la contemplation des œuvres que me présentait HAJIMÉ m’entraîna à aller plus avant dans la découverte de cet art qui avait parfois inspiré les peintres du XIX° siècle.

Ainsi, durant une année, je me rendis à Paris au moins une fois par mois, afin d’y suivre l’enseignement d’HAJIMÉ. Patience, persévérance, humilité sont indispensables pour envisager d’atteindre une certaine maîtrise du “ sumi-e “.  J’ai ainsi appris à entrer dans le dépouillement.

Le matériel nécessaire se contente d’un pinceau, d’encre de Chine et de papier. La tenue du pinceau (verticale), la spontanéité du trait ( jamais repris ni corrigé ), le dosage de la dissolution de l’encre permettant une infinité de nuances, tout concoure  à tracer l’essentiel, à exprimer la réalité dans une approche juste et simple, afin de transmettre une impression au spectateur de l’œuvre. L’inspiration doit – essentiellement – prendre sa source dans la nature, par une liberté de l’esprit, sans recherche de récompense.

Puis, après l’exigence des activités professionnelles, est venu pour moi le temps de la retraite  m’offrant alors la possibilité d’une pratique davantage continue, m’autorisant ainsi une approche au plus près d’un art enrichissant.

Je n’ai donc pas visité le Japon, c’est le Japon qui m’a visité.


« Cinquante ans déjà! » par Jocelyn PARIS


Nullement friand de commémorations, même de cet acabit, je ne peux cependant m’empêcher de penser aux événements de mai 68 et aux quelques années qui suivirent, jusqu’au milieu des années 70, comme aux prodromes réprimés et éteints d’un « autre monde » dans lequel notre liberté se serait exprimée par l’implication politique de tous dans la sphère publique.

Je laisse aux historiens et aux sociologues ou politologues le soin de démêler l’écheveau de cette période et d’en faire le récit, chacun pouvant écrire ou réécrire l’histoire de son point de vue, voire la renier, tant l’épisode fut riche en actions et en émotions.

De mon mai 68 à moi, émergent trois notions, trois valeurs qui guident – du moins m’y employé-je du mieux que je le peux – mes actions et mes aspirations. La révolte, la liberté et l’imagination. Les trois piliers et leurs corollaires sur lesquels, à mon sens, se construit la dignité humaine.

La révolte.

Multiforme, sans armes comme je l’ai déjà dit, morale, politique et sociale, contre tous les pouvoirs. Comment ne pas être révolté ? Devant les inégalités qui s’accroissent, les rapports dominants-dominés et exploitants-exploités qui perdurent. Devant la surexploitation des ressources et la surconsommation de tout qui sont la cause du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité dont nous sommes les témoins passifs et de laquelle pourtant notre futur et le devenir de l’humanité dépendent. Devant, devant, devant…

Comment alors ne pas être révolté ? Contre les premiers fautifs – même si nous sommes tous responsables, j’estime néanmoins que certains sont plus responsables que d’autres – ceux qui s’arrogent les titres de « premiers de cordée », de « capitaines d’industrie », de chefs plus ou moins grands. Leur fantasmagorie de puissance, de domination, de pouvoir et de richesse pécuniaire est mortifère pour toute vie sur Terre.

La liberté.

De penser, d’être, d’agir et de bouger dans l’espace public.

Elle est bafouée. Notre système représentatif n’est qu’une parodie de démocratie. La verticalité du pouvoir, surtout quand elle est assumée et magnifiée comme aujourd’hui, est une métaphore du féodalisme. Passivement pour la plupart, les citoyens sujets assistent à la confiscation de leurs prérogatives du fait de la personnalisation et de la professionnalisation des mandats électifs.

Elle est surveillée. Depuis une dizaine d’année les domaines clos et les caméras de vidéosurveillance font florès et notre société est de plus en plus coercitive. Le mythe sécuritaire est un fléau pour l’avènement du bien-vivre-ensemble et pour la compréhension et l’appropriation des contraintes inhérentes à toute vie en société.

Elle est restreinte. La liberté de circuler est un droit humain écrit dans la Déclaration universelle. Pour de multiples raisons idéologiques nous sommes bien loin du compte. Le sort réservé aux migrants et à ceux qui les secourent est honteux et indigne. En cohérence avec la Déclaration, il est temps de promouvoir une citoyenneté universelle.

L’imagination.

Ah ! Ça fait peur l’imagination. Ça bouscule nos habitudes, nos idées reçues, la pensée unique, l’ordre établi. Et pourtant, c’est à mon avis cette faculté qui peut nous aider à sortir de la voie délétère dans laquelle nous nous sommes fourvoyés. C’est elle, matrice des utopies, qui nous ouvre l’esprit, nous exhausse, nous rend bienveillants aussi envers les initiatives exogènes auxquelles on n’adhère pas nécessairement, mais que l’on accepte, voire que l’on soutient.

Éminemment subversive, elle est de ce fait bridée par le pouvoir. Notre-Dame-Des-Landes illustre parfaitement l’inadaptation de nos institutions et de notre mode de vie à l’accueil d’initiatives collectives s’écartant trop du cadre fixé. Je suis pourtant persuadé que ces initiatives, ces expérimentations qui foisonnent un peu partout à petite échelle constituent autant de voies à suivre. Certaines seront peut-être sans issue, mais d’autres, et encore d’autres à imaginer, seront aptes, espérons-le, à modifier en profondeur notre vieux monde devenu insoutenable.

Les défis à relever sont nombreux.

Les « dominants » sont arc-boutés sur leurs privilèges qu’ils défendent avec une violence inouïe. Quant à nous, nos préoccupations sont rarement concourantes, et nous ne sommes pas tous au même niveau de conscience.

Il nous faudra malgré tout apporter collectivement des réponses aux multiples questions que nous devrons nous poser un jour ou l’autre et le plus tôt possible. Propriété privée, héritages, droit d’usage, valeur travail, décroissance, revenu universel, échanges non marchands, répartition de richesse produite, etc. ? Réintroduisons du politique dans nos vies. Réfléchissons déjà à ce que nous voulons faire ensemble, à un futur désirable, puis construisons des outils et des institutions pour y parvenir. Et ainsi de suite…

Pas simple, mais exaltant.

Après ces quelques digressions et pour tout de même commémorer ce qui pour moi est l’esprit de mai 68, j’aimerais (nous sommes des assistés, paraît-il, on nous l’a assez dit) que vive l’anarchie – dans son acception étymologique que je qualifierai d’ontologique – et que s’épanouisse en chacun de nous la fleur de la résistance et de l’utopie.

Voir page 4 et 5 mai 2018


« G.I.E.C.: comment ça marche et peut-on lui faire confiance? » par Philippe MARQUES


Le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) a été créé en 1988 pour renseigner les hommes politiques sur l’état des connaissances concernant l’évolution du climat, le rôle des activités humaines dans cette évolution et, en fonction de divers scénarios, les impacts sur le climat futur, mais aussi impacts sociaux-économiques attendus afin de prendre des décisions en toute connaissance de cause. Il n’est pas chargé de faire de la recherche ou de suivre, par exemple, l’évolution des paramètres climatologiques mais de faire une synthèse de tous les travaux en cours dans les laboratoires de recherche ou déjà publiés dans les revues scientifiques « sérieuses » (c’est à dire avec un comité de lecture composé de scientifiques qui valide ou pas l’article à publier); ils ne tiennent pas compte par exemple, des articles parus dans la presse grand public ou sur internet. Un point important: si un chercheur, remettant en cause l’origine humaine du réchauffement climatique, a vu ses travaux publiés dans une de ces revues, ce sera pris en compte.

A ce stade, précisons  que le GIEC n’est pas le fruit d’une lubie de quelques scientifiques qui un jour se sont dit : « L’Homme est un loup pour l’Homme: montrons que les activités humaines sont responsables du réchauffement observé! ». Cette organisation a été créée par le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) et l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) et aucune personne physique, aucun chercheur en particulier, ne peut en être membre en direct. Ce sont les représentants des 195 nations participantes qui composent l’assemblée générale du GIEC; chaque pays nomme une personne et une seule, les états ayant donc le même poids dans le processus de décision.

Le GIEC est organisé en 3 groupes de travail:

Le groupe I, chargé des expertises sur les travaux publiés ou en cours portant sur le fonctionnement du climat et les variations climatiques passées ou à venir.

Le groupe II, sur les travaux publiés ou en cours qui portent sur notre vulnérabilité face aux risques du changement climatique: risques socio-économiques, adaptation, etc.

Le groupe III, les travaux publiés ou en cours sur les scénarios d’émission de gaz à effet de serre et comment en atténuer les effets.

Un rapport d’évaluation détaillé est publié tous les cinq à six ans, ainsi qu’un résumé destiné aux  décideurs. Des rapports spéciaux sont également publiés sur des questions plus précises comme « piégeage et stockage du dioxyde de carbone » ou « sources d’énergie renouvelable et atténuation du changement climatique ».

Voyons maintenant comment est élaboré un rapport d’évaluation:

1/ Réunion préparatoire: Les axes principaux du rapport d’évaluation à venir sont définis par les experts désignés par les gouvernements puis soumis au vote de l’assemblée générale du GIEC

2/ Désignation des experts: Le bureau du GIEC sollicite auprès des pays membres et des organismes ayant le statut d’observateur la nomination d’experts dans les domaines concernés.

3/ Désignation des auteurs: Les bureaux désignent et affectent les auteurs à des tâches précises en fonction de leurs compétences (travaux et/ou publications effectués), dans les domaines qu’ils seront chargés d’analyser.

4/ Rédaction des rapports: Plusieurs centaines de scientifiques du monde entier participent à ce travail de rédaction. Chaque équipe de chercheurs fait une synthèse des connaissances sur le sujet qui lui a été attribué.

5/ 1ère version: Cette 1ère version rédigée par les auteurs, est lue et commentée par des experts dans les domaines couverts, appelés aussi «examinateurs».

6/ 2ème version: Cette version modifiée ainsi qu’une première mouture du résumé technique, sont soumises aux mêmes relecteurs ainsi que, cette fois-ci, aux représentants des gouvernements et à tous les auteurs.

7/ Version finale: Les gouvernements l’examinent puis elle est soumise à l’assemblée générale du GIEC qui vote et l’approuve. Le résumé pour décideurs est également soumis au vote pour approbation. Le rapport d’évaluation peut alors être publié.

Alors!? Peut-on faire confiance au GIEC?

Compte tenu du parcours du combattant subi par les rapports d’évaluation et du fonctionnement même du GIEC décrit précédemment,  la réponse est clairement oui! Il faut signaler également que les 5 rapports publiés jusqu’à présent ont été approuvés à l’unanimité, Etats-Unis et Arabie Saoudite compris et qu’il sont à la disposition du grand public.

Rappelons que l’expertise menée est ouverte à tous les scientifiques, climato-sceptiques compris, et que  le débat contradictoire est une seconde nature, en quelque sorte, pour tous les scientifiques; ceux du GIEC en particulier, ne le craignent pas. Le problème c’est qu’un tel débat demande du temps: il faut étudier les arguments avancés, les données sur lesquelles la personne s’appuie, etc… Or, les climato-sceptiques énoncent leurs «théories» devant les caméras et des journalistes le plus souvent subjugués par tant de bon sens, ou sur les forums internet face à des personnes qui n’ont pas les armes pour les contredire; et même s’ils les avaient, le temps que leurs arguments soient démontés, ils sont déjà devant une autre caméra à mettre en avant d’autres arguments.

Même si cette course au rétablissement de faits scientifiquement prouvés est sans fin, de nombreux points avancés par le GIEC sont maintenant considérés par le grand public comme des vérités à l’instar par exemple de l’augmentation rapide du CO2; même le rôle des activités humaines dans les changements en cours semble faire son chemin dans les esprits et ne plus être remis en cause.

De toute façon, la bonne question à se poser selon moi c’est: que risque-t-on à écouter ce que nous disent les scientifiques du GIEC et à mettre en œuvre dès maintenant des politiques de réduction des gaz à effet de serre et à changer nos modes de vie?

A part une planète plus habitable à destination de nos enfants et petits-enfants, les risques sont plutôt limités, non?!!!

Voir page 6 et 7 mai 2018


« Le travail c’est trop dur… pour la planète » par Franck TABOUREL


Le travail est nécessaire depuis que nous ne sommes plus des chasseurs cueilleurs : pour éviter de courir après nos proies, ou battre la campagne afin de trouver quelque chose à grignoter, nous avons capturé, dompté et élevé des plantes, des arbres et des animaux. Nous avons inventé la propriété, alors il nous a fallu la protéger des prédateurs, nous avons donc créé des murs, des villages, des outils, des armes, des armées, des civilisations, des lois, des monnaies. Tout cela nous a pris plusieurs millénaires. Nous avons fait des progrès.

Nous avons fait de tels progrès, que nous avons maintenant la capacité de détruire notre planète, soit très rapidement, à force de guerres nucléaires, soit rapidement, à force de pollution et dérèglement climatique, soit, encore, en détruisant la faune sauvage, non seulement les grands animaux, mais également les insectes pollinisateurs qui nous priveront bientôt des végétaux qu’ils font vivre.

Platon, déjà, prônait la prudence et la tempérance. Prudence et tempérance sont des vertus associées à l’individu mais, si on les attribue à des sociétés aussi évoluées que les nôtres, on pourrait s’attendre à ce que nous réduisions nos ambitions, ne serait-ce que pour une question de survie de notre espèce.

Et pourtant, au lieu d’encourager des notions comme l’entraide ou la solidarité, la plupart de nos sociétés, soi-disant développées, prônent la compétition et la compétitivité au détriment de la vie : c’est le profit de quelques uns au détriment de beaucoup : les riches contre les pauvres, le nord contre le sud, les humains contre le reste du monde.

Bien sûr, la planète nous survivra : une vie, de nouveau, renaîtra sur nos ruines, mais sommes-nous obligés d’accélérer la sixième extinction massive des espèces, dont nous-mêmes ne survivront pas longtemps ? Celui qui croit que l’on peut faire confiance aux scientifiques ou aux politiques pour enrayer ce désastre à venir, celui-là qui, en toute bonne conscience, par sa passivité, encourage la marche du progrès, celui-là peut se considérer comme partie prenante du naufrage à venir.

Pourtant, la fin n’est pas inéluctable, mais il n’est que temps d’agir, de réagir, et, pour cela, il nous faut d’abord changer de registre, abandonner la compétition au bénéfice de la solidarité, cesser de mettre le profit au pinacle, et réfléchir aux bienfaits et aux méfaits du progrès, avant de le mettre en œuvre. La valeur travail, encensée par  nos dirigeants et par nombre de rentiers, doit être réévaluée : plus on travaille, plus on consomme, plus on produit, plus on pollue.  Cette valeur doit être, non pas éradiquée, mais réduite à un niveau qui permet à chacun de vivre correctement, sans abus, tout en gardant du temps pour des activités personnelles.

Le milliardaire Warren Buffet affirme que les riches ont gagné la lutte des classes, mais le jour où, enfin, les pauvres se réveilleront, peut-être avant d’être trop exsangues, ce jour-là, il sera temps de faire une révolution qui devra être pacificatrice ; ce jour-là, nous aurons la décroissance, sans aller jusqu’à en revenir à la bougie.


« Son univers » par Franck TABOUREL


Elle a deux ans, son univers, c’est sa poupée, son estomac, sa vessie, sa mère.

Sa mère, son univers, c’est ses enfants, sa maison, sa cuisine, son mari.

Son mari, son univers, c’est son boulot, sa famille, sa voiture, ses biens, sa retraite.

Son patron, son univers, c’est son entreprise, son banquier, sa clientèle.

Le président,  son  univers,  c’est sa réélection,  ses financiers,  ses électeurs,  les sondages.

Et le sort de la planète, ça fait partie de l’univers de qui ? Qui s’en préoccupe ?


« Les mots croisés »  par  Philippe MARQUES             (à découvrir en cliquant sur le lien ci-dessous)


page 8 journal mai 2018 site