LE MENDIANT par Philippe Derckel

Assis sur une marche
d’un escalier rugueux,
son bras forme une arche
qui se tend vers nos yeux.

Son bonheur est passé
et demain incertain
car ses poches sont vides.
De ses yeux pleure une ride
qui va sécher au matin,
tant d’angoisses ressassées.

Nos souliers qui le frôlent,
éculés ou vernis,
ont parfois un air drôle
qui lui chasse l’ennui.
Sa casquette est trop grande
à nos cœurs engourdis
par la folle sarabande
de nos petits soucis.

Il ne parle jamais
sauf quand il dit merci
à un geste inconnu
à une main émue.
Alors il apprécie
ce pain qu’on lui promet.
Merci est difficile
lorsque la vie est fragile.